Ce que nous aimons beaucoup ici au Kenya, c'est la langue swahili. C'est une langue rieuse, ronde, presque enfantine, moëlleuse à l'oreille dans ses rythmes, ses intonations. J'aimais aussi la langue arabe, délicieusement aride, aux rythmes plus rapides, aux fausses duretés, toute en arabesques.
10 heures de bus sur une route pas toujours très plate nous amenent àMombassa, notre premier arret avant Lamu. Il fait plus chaud vers la cote, et les gens sont tout aussi joyeux, mais, petit rappel de l'Inde, essaient toujours d'user de maintes entourloupes pour vous vendre quelque chose.
Le lendemain, depart dans un bus encore plus raide, cette fois pour 7 heures de voyage.
Il est 5 heures du soir lorsque le bus atteint Mokowe, le minuscule port d'où nous prendrons un "ferry" pour accoster à Lamu. Le ferry est une grande barque pleine a craquer de gens et de marchandises. Lamu ne produisant pratiquement rien, tout est importé du continent, ce qui hausse évidemment le prix des vivre considérablement. Le bateau accoste sous la pluie, c'est vrai que nous sommes en pleine saison des pluies...
Mais l'arrivée à Lamu nous transporte dans un autre monde, un autre âge. Cette petite ville médiévale compte à peine 14000 habitants, environ 3000 ânes, et 85 pour cent de la population est musulmane. Pas de voitures, de grandes barques de pêche et de balades, les boutres magnifiques, typiques de l'ile. Les ânes servent au transport des marchandises entre la ville de Lamu et Shella, à l'autre bout de l'Ile.
Shella est, en haute saison, une plage très prisée par les célébrités. Les grandes maisons sur la plage appartiennent à Caroline de Monaco, son frère Albert, Ellie Chouraki, etc.
La maison que nous louons ici s'appelle Mwana Kupona. Elle est immense et très belle, c'est une maison typiquement swahili, avec des niveaux différents, des murs blancs ou ochres, des poutres noires de mangroves, un toit de chaume. Ici les pieces sont généralement ouvertes, il n'y a pas de fenêtres ni de portes.
A Lamu, il suffit de trouver un pêcheur dans la rue pour commander son poisson. A peine le pied posé sur l'esplanade, les gens vous sautent dessus et vous proposent une balade en bateau, un transfert en barque jusqu'à Shella Beach qui est a 45 minutes de marche d'ici, des produits frais de la mer, et tout cela du matin au soir.
Nous rencontrons un jour Catherine et sa famille, des Norvégiens de Oslo avec qui nous allons vite sympathiser. Einar et Catherine ont 2 enfants de 12 et 15 ans, Jonathan et Mattis, c'est le rêve pour Jules et Billie Jane. Ils ne vont plus se décoller pendant 4 jours.
Ici, on peut aussi bien dire "chokran" que "asante sana" pour dire merci. Tout se mêle et s'entremêle au milieu d'une joie de vivre. Derrière les maisons à étages swahili, dans les quartiers plus démunis où nous allons faire laver notre linge, il y a les petites maisons pauvres, sombres et sales, et les détritus, les ânes qui bloquent les allées minuscules et qui, tout comme les vaches en Inde, mangent tout ce qui leur tombe sous le museau... Il y a les gens qui n'ont plus de dents, les enfants tout sales, les femmes à la peau malade. Mais tous, sans exception, nous lancent le "Hakuna Matata" avec un grand sourire.